Accompagnés par leurs professeurs d'éducation musicale, d'histoire-géographie et de français, des élèves de 4e ont écrit et mis en musique un hymne pour le collège, dans le cadre d'un travail sur la notion d'engagement et le sens d'un hymne.
Une ressource proposée par Anne Poirrier, professeure d'éducation musicale, Nadège Bavoux, professeure d'histoire-géographie et Héra Ignaczak, professeure de Lettres Modernes au collège Lionel Terray (Meylan, 38), dans le cadre des Heures numériques 2022-2023
Objectifs
- Développer l’autonomie des élèves.
- Travailler en groupe et se servir des compétences de chacun : collaborer.
- Se servir d’outils numériques pour progresser.
- Prendre conscience de l’importance du bien-être à l’école, du rôle-même de l’école et des nombreux avantages qu’elle présente.
- Réaliser un projet interdisciplinaire et se servir de l’outil de suivi individuel proposé afin de devenir acteur de ses apprentissages.
Compétences travaillées
- D1 - Les langages pour penser et communiquer
- Comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française à l'oral et à l'écrit.
- Produire un texte rédigé et intelligible. Exploiter les ressources expressives de la parole.
- D2 - Les méthodes et outils pour apprendre
- Le texte rédigé doit répondre à une consigne avec des critères précis. Le contenu doit faire référence aux éléments abordés en cours d’histoire et de français. Les élèves doivent se servir des outils proposés (fiches, carnet de bord …) et progresser en autonomie en collaborant au sein du groupe, en se rendant si nécessaire au CDI, en apprivoisant les outils numériques à leur disposition (développement de la culture numérique).
- D3 - La formation de la personne et du citoyen
- Analyser et comprendre un document, replacer un document dans son contexte historique.
- Comprendre les principes et les valeurs de la République française.
- Confronter ses jugements à ceux d'autrui.
- Réfléchir aux valeurs véhiculées au collège (égalité / fraternité / liberté / laïcité).
- D4 - Les représentations du monde et de l'activité humaine
- Comprendre et s’exprimer en utilisant les langages des arts et du corps.
- Se demander quelles sont les particularités qui distinguent l’établissement.
- Réaliser un projet d’interprétation artistique, en petits groupes.
Compétences du CRCN
- D2 - Communication et collaboration
- Interagir via Pronote ou l’ENT.
- Partager sur clef USB, via Pronote ou l’ENT.
- S’insérer dans le monde numérique en manipulant des logiciels pour monter un clip musical, enregistrer les voix.
- D3 - Création de contenus
- Développer des documents textuels.
- Développer des documents multimédias.
- D4 - Protection et sécurité
- Protéger les données personnelles et la vie privée.
- D5 - Environnement numérique
- Évoluer dans un environnement numérique.
Outils et modalités de travail
- Une classe de 4e : elle n’est pas une classe « facile à gérer » et contient des élèves de profils très hétérogènes. Ils sont peu autonomes.
- Travail d'abord individuel puis groupes de trois.
- Suivi à distance avec un fil de discussion Pronote pendant les vacances d’avril.
Le projet s’étale sur une moitié de l’année et concerne trois matières : histoire, français, musique. Deux heures de co-enseignement ont pu avoir lieu, et une évaluation finale avec les trois enseignantes engagées dans le projet.
Salles de classe en français, musique, histoire, CDI avec un studio d'enregistrement, couloirs du collège.
- Tablettes et smartphones des élèves
- Enregistreurs Zoom du collège (CDI)
- Support papier : fiches de cours, carnet de bord
- Audacity
Diaporama de présentation
Démarche pédagogique
Chaque séance qui sert l’EPI est identifiée clairement par l’enseignante : au début du projet surtout, au fur et à mesure les élèves eux-mêmes remarquent que la séance sera en lien avec l’EPI et peuvent se montrer volontaires pour l’inscrire au tableau : ils gagnent ainsi en autonomie.
En janvier / février, l’enseignante d’histoire aborde la notion d’engagement avec les élèves. Elle étudie la Marseillaise (texte + audio), et celle de Gainsbourg (audio) qui interpelle les élèves : un débat s’instaure (Peut-on détourner un hymne ?).
Les carnets de bord sont distribués afin de souligner la dimension interdisciplinaire du projet et de faire gagner les élèves en autonomie réflexive : qu’ai-je étudié ? Qu’est-ce qui va me servir pour l’hymne ? Ces carnets de bord sont conservés en classe par l’enseignante. Voir Annexe 1 : le carnet de bord
En parallèle, l’enseignante de musique effectue la mise en groupe des élèves, qui se trouvent un nom. Elle présente l’EPI.
En janvier, l’enseignante de français propose une séquence intitulée « Conquérants de l’inutile » qui est axée sur la montagne en général et sur le personnage dont le collège porte le nom : Lionel Terray. Ainsi se mêlent études de documents, analyses lexicales et étymologiques, visionnage de vidéos de l’INA, histoire de l’alpinisme et sites internet du CAF Isère ou du Musée des Troupes de Montagne. Un lecture de Frison Roche est prévue, et une sélection de livres sur la montagne est exposée au CDI.
Puis en février / mars, les élèves sont au cœur d’une séquence intitulée « Amour et poésie ». Ils travaillent la versification, la conjugaison du présent de l’indicatif, les figures de style, la récitation et la méthode de lecture de la ponctuation etc. Des hymnes élaborés par leurs camarades des années précédentes leur sont diffusés en début de séance : la pression monte … Les élèves se voient présenter une tâche d’écriture : rédiger un hymne du collège. Annexe 2 : rédiger un hymne En deux heures, les élèves établissent les caractéristiques du texte, esquissent un premier brouillon (carte mentale, recherche de champs lexicaux, des valeurs positives véhiculées …). Le barème d’évaluation du texte est alors décidé par les élèves, de manière collaborative Annexe 3 : barème élaboré par les élèves.
Certains y feront référence à voix haute dans leur groupe pendant l’écriture. Puis ils se lancent dans l’écriture de l’hymne : trois séances sont nécessaires. Entre les séances, leurs fiches de travail sont ramassées et l’enseignante les annote. Le carnet de bord est également visé, des feuilles sont ajoutées si nécessaire. Des conseils sont prodigués à chaque début de séance, selon les besoins. L’enseignante d’histoire-géographie s’invite en français pendant une séance d’écriture pour le plus grand bonheur des élèves. Elle-même est ravie de « voir comment ça se passe en français, et comment le comportement de certains élèves change ». Une séance sera nécessaire en salle info pour procéder à la saisie du texte (une méthode a déjà été donnée plus tôt dans l’année). Les élèves peuvent rendre leur texte plus tard sur clef usb car certains veulent améliorer leur production pendant les vacances. L’enseignante de français corrige les hymnes, les élèves rectifient si nécessaire.
En avril / mai, l’enseignante de musique aborde la mise en musique. Elle dispose des carnets de bord, des textes photocopiés en 3 exemplaires pour faciliter le travail de groupe. Les élèves sont invités à créer une bande-son à partir de leur téléphone ou des tablettes du collège. Ils utilisent Garage band, Audacity, ou tout autre logiciel et peuvent faire avancer le projet en autonomie en dehors des heures de cours, à la maison. Puis ils enregistrent leur voix (ils peuvent aller au CDI emprunter un enregistreur Zoom) et la superposent à la bande son. Quatre séances sont nécessaires. Ils établissent de manière collaborative le barème sur lequel ils seront évalués lors d’un oral devant les 3 enseignantes. L’enregistrement audio est envisagé comme un entraînement pour cet oral : ils s’écoutent, notent les éléments à améliorer, recommencent …
En juin les élèves passeront devant les trois enseignantes lors d’un oral.
Production des élèves
Bilan de l'expérimentation
Les freins à lever :
- Disponibilité des tablettes.
- En salle info le réseau n’apparaissait pas sur l’ordinateur du professeur. Nous avons dû avoir recours à des clefs usb pour récupérer les textes des élèves.
- Difficulté à faire s’enregistrer les élèves ou qu’ils écoutent leur production dans une même salle. Ils oubliaient régulièrement leurs écouteurs.
- Il y a eu tout un travail à mener sur la construction d'un collectif, les compétences spécifiques à développer pour collaborer ou coopérer.
Les apports positifs :
- Le carnet de bord conservé par les enseignantes a permis un suivi de très près : certains élèves difficiles à motiver ont joué le jeu car ils se sont sentis impliqués. Selon les difficultés rencontrées par les élèves, les enseignantes individualisaient les remarques et pouvaient préparer une petite remédiation adéquate en début de séance suivante si nécessaire.
- Quand il a fallu rédiger le texte, les élèves l’ont d’abord pris sur le ton de la plaisanterie et n’évoquaient que les aspects négatifs du collège. Puis, plus ils cherchaient des aspects positifs, plus ceux-ci leur paraissaient évidents. Ils se sont pris au jeu et leur image de l’école semble avoir changé.
- Les élèves, motivés par le projet et par la production finale, acceptent volontiers de revenir sur leur production, jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits. Ils amènent en classe, sur une clef USB, le travail en cours pour le montrer fièrement à l’enseignante.
- Autonomie favorisée pour les élèves : certains par exemple ont eu l’idée de découper les strophes d’écriture poétique pour essayer de les disposer dans un ordre différent. Ils envoient leur production via l’ENT lorsqu’ils n’ont pas eu le temps de terminer en classe. Certains demandent du temps supplémentaire pour améliorer le texte, ou la mise en musique.
- L’élaboration des barèmes avec les élèves est positive : les élèves y faisaient souvent référence quand ils rédigeaient leur texte.
- Les élèves ont fait des liens entre les matières, et cela a perduré après le projet.
- L’intérêt des élèves a été vif pour la Marseillaise en Histoire et notamment autour de la question « Peut-on détourner la Marseillaise ? ».
- La créativité des élèves a été sollicitée, valorisée.
- Le fait de ramasser les carnets de bord et de les viser, d’ajouter des feuilles si nécessaire a été très apprécié des élèves.
- Le co-enseignement a été très apprécié par les collègues : échange sur les pratiques, et plaisir de pouvoir échanger avec les élèves en s’appuyant sur les compétences de chacun ! Un autre constat : les élèves ne se comportent pas de la même manière dans chaque matière.